Le Fulmar Boréal (Fulmarus glacialis) : Le Maître Planeur des Mers Froides
Le Fulmar boréal est un oiseau pélagique qui passe la majeure partie de sa vie en haute mer, ne revenant à terre que pour se reproduire.
Un Parent des Albatros
Le Fulmar boréal (Fulmarus glacialis), souvent surnommé Pétrel fulmar, est un oiseau marin robuste qui peut facilement être confondu avec un goéland. Pourtant, il n'a aucun lien de parenté avec ces oiseaux. Il fait partie de l'ordre des Procellariiformes, ce qui en fait un proche parent des albatros, puffins et autres pétrels. Son nom provient du vieux norrois "Fúll mår", qui signifie "mouette puante", une référence à sa tendance à cracher une huile nauséabonde pour se défendre. C'est un véritable expert du vol plané, manœuvrant avec une aisance incroyable dans les vents marins, ne revenant sur terre que pour se reproduire.
Identifier le Fulmar Boréal
À première vue, sa silhouette trapue, son plumage gris et blanc rappellent un goéland. Cependant, plusieurs critères permettent de l'identifier sans peine :
Le Bec "à tube" : Le critère le plus distinctif est son bec court et épais, surmonté de narines tubulaires proéminentes (appelées naricornes). Cette structure, typique de sa famille, abrite une glande qui lui permet de dessaler l'eau de mer.
Le Vol : Son vol est très caractéristique. Il alterne des battements d'ailes rapides et peu profonds avec de longs vols planés, les ailes tenues droites et rigides, rasant les vagues. Un goéland aura des battements d'ailes plus amples et souples.
L'Aspect Général : Il a un cou épais et une grosse tête, avec une tache sombre caractéristique devant l'œil. Contrairement à beaucoup de goélands, il n'a pas de marques noires distinctes au bout des ailes. Il existe des formes plus sombres (phase foncée), entièrement grises, surtout dans les régions arctiques.
Le Conseil de Notre Ornithologue
Par l'équipe de Les-Oiseaux.com, publié le 18 Juillet 2025
Mon conseil : Pour distinguer à coup sûr le Fulmar du Goéland en mer, oubliez un instant la couleur et concentrez-vous sur la "personnalité" du vol. Le Goéland semble "ramer" dans les airs, avec des coups d'ailes marqués et une certaine flexibilité. Le Fulmar, lui, est un planeur-né. Il paraît rigide, presque mécanique, glissant sur des rails invisibles avec une efficacité maximale. C'est cette impression d'ailes "verrouillées" qui le trahit à chaque fois.
Si vous visitez une colonie sur les falaises de Bretagne ou de Normandie, gardez vos distances. Le Fulmar est célèbre pour son "crachat" défensif, une huile stomacale projetée avec précision. Ce n'est pas de l'agressivité gratuite, mais une question de survie pour protéger son unique poussin. L'observer de loin est le meilleur moyen d'apprécier ce marin exceptionnel sans le déranger.
Dimensions Scientifiques et Records du Fulmar Boréal
Caractéristique
Mâle
Femelle
Portée Générale / Record
Longueur (bec à queue)
45 – 52 cm
43 – 48 cm
43 – 52 cm
Hauteur debout
N/A (souvent sur l'eau/falaises)
N/A (souvent sur l'eau/falaises)
Environ 40 cm (debout)
Poids
650 – 1000 g
450 – 800 g
450 – 1000 g
Envergure
105 – 117 cm
101 – 110 cm
101 – 117 cm
Vitesse de vol (plané)
25 – 45 km/h
25 – 45 km/h
25 – 45 km/h (typique)
Espérance de vie (sauvage)
30+ ans (moy.)
30+ ans (moy.)
50+ ans (record)
Ces dimensions détaillées soulignent l'adaptation du Fulmar boréal à la vie pélagique, lui permettant un vol plané efficace et une recherche de nourriture sur de longues distances au-dessus des mers froides.
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Chant et Cris
Le Fulmar boréal est généralement silencieux en mer. Il devient cependant très bruyant au sein des colonies de nidification, où il émet des caquètements gutturaux et des cris grinçants, souvent la gorge gonflée, lors des interactions sociales et de la défense du territoire. Ces vocalisations peuvent commencer doucement et augmenter en intensité jusqu'à devenir stridentes.
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Ne pas confondre avec...
Fulmar Boréal
Distingué par son vol plané à ailes rigides, son cou épais, et surtout par les narines tubulaires proéminentes sur son bec. Le bout de ses ailes est gris, sans motifs noirs distincts.
Possède un vol plus souple avec des battements d'ailes amples. Son bec est grand, jaune et dépourvu de narines tubulaires, avec une tache rouge sur la mandibule inférieure. Sa silhouette est plus élancée et il présente des extrémités d'ailes noires avec des "miroirs" blancs.
Astuce : Le vol est le meilleur indice à distance. Si l'oiseau plane avec les ailes raides comme une planche, c'est un Fulmar. Si vous pouvez voir le bec, la présence des tubes est un critère infaillible.
Habitat et Répartition
Le Fulmar boréal est un oiseau pélagique, ce qui signifie qu'il passe la grande majorité de sa vie en haute mer, survolant les eaux froides des océans Atlantique et Pacifique Nord. Il ne s'approche des côtes que pour la saison de reproduction, où il installe ses colonies sur des falaises maritimes et des îles escarpées. Son aire de reproduction est circumpolaire. En Europe, les plus grandes populations se trouvent en Islande, aux îles Féroé et dans les îles Britanniques. La France représente la limite sud de son aire de nidification.
Carte de Répartition
La carte ci-dessous illustre sa vaste répartition : les zones de présence permanente (violet) et les aires de reproduction spécifiques (orange).
Alimentation et Comportement
Le régime alimentaire du Fulmar est varié. Il se nourrit de poissons, de calmars, de crustacés, de zooplancton et de méduses qu'il capture à la surface de l'eau. C'est aussi un opportuniste qui profite des rejets des bateaux de pêche, qu'il suit souvent en grands groupes. C'est tristement célèbre pour ingérer de grandes quantités de déchets plastiques qu'il confond avec des proies, une menace sérieuse pour sa survie. On estime que près de 90 % des oiseaux de mer ont du plastique dans l'estomac.
Nidification et Défense par Crachat
Le Fulmar boréal a une maturité sexuale tardive, ne se reproduisant pour la première fois que vers l'âge de 8 ou 9 ans. Il est très fidèle à son partenaire et à son site de nidification. Le nid est très sommaire : une simple dépression grattée sur une corniche rocheuse de falaise. La femelle y dépose un unique œuf blanc. L'incubation dure environ 50 jours et les deux parents se relaient.
La particularité la plus célèbre du Fulmar est sa technique de défense. Adultes et poussins sont capables de projeter sur un intrus une huile stomacale visqueuse, orange et nauséabonde. Ce jet peut atteindre plusieurs mètres. Pour un prédateur aviaire, cette substance est redoutable : elle colle les plumes, détruit leur imperméabilité et les empêche de voler, entraînant souvent la mort par hypothermie ou noyade.
Foire Aux Questions (FAQ)
Comment le Fulmar boréal gère-t-il le sel marin ?
Comme les autres oiseaux de mer de sa famille, le Fulmar boréal possède une glande à sel spéciale située au-dessus de ses yeux, connectée à son bec via les tubes proéminents sur le dessus. Cette glande lui permet de boire de l'eau de mer en filtrant et en excrétant l'excès de sel, une adaptation cruciale pour une vie passée en haute mer.
Quelle est la longévité d'un Fulmar boréal ?
Le Fulmar boréal est un oiseau marin à la longévité remarquable, avec une espérance de vie moyenne de plus de 30 ans. Certains individus ont été enregistrés vivant plus de 50 ans.
Le Fulmar boréal est-il menacé ?
À l'échelle mondiale, le Fulmar boréal a une population nombreuse et est classé en "Préoccupation mineure" par l'UICN. Cependant, il fait face à des menaces importantes. L'ingestion de déchets plastiques est une préoccupation majeure, car elle peut provoquer des blessures internes, la famine et des effets toxiques. Ils sont également vulnérables aux captures accidentelles dans les engins de pêche commerciaux.
Comment distinguer le sexe d'un Fulmar boréal ?
Les mâles et les femelles sont visuellement identiques en plumage, ce qui les rend impossibles à différencier à vue. Généralement, les mâles sont légèrement plus grands et plus lourds que les femelles, mais cette différence n'est apparente que lorsque les oiseaux sont étudiés en main. Leurs liens de couple solides sont réaffirmés chaque année par des parades nuptiales sur le site de nidification.
Où peut-on observer le Fulmar boréal en France ?
En France, la reproduction du Fulmar boréal est limitée aux falaises côtières de la Normandie (Pays de Caux) et de la Bretagne. Les Sept-Îles ont accueilli la première nidification confirmée en 1960. Ouessant est aujourd'hui un site majeur. En dehors de la période de reproduction, il est possible de l'observer au large des côtes de la Manche et de l'Atlantique, surtout lors de tempêtes hivernales qui le poussent vers le littoral.