Le Merle noir (Turdus merula) est sans aucun doute l'un des oiseaux de nos jardins les plus emblématiques et répandus en Europe. Que ce soit en milieu urbain ou à la campagne, il est rare de passer une journée sans croiser ces oiseaux merles sautillant sur une pelouse ou d'entendre leur chant flûté et mélancolique à l'aube ou au crépuscule. Cet oiseau, si commun, cache pourtant une vie sociale et des comportements fascinants qui méritent d'être explorés.
Une des questions les plus fréquentes concerne la différence entre le mâle et la femelle. Chez le merle noir, le dimorphisme sexuel est très prononcé, rendant l'identification assez simple une fois que l'on connaît les critères.
Le merle noir mâle est impossible à confondre : son plumage est d'un noir de jais uniforme et profond. Le contraste est saisissant avec son bec d'un jaune-orangé vif et le cercle oculaire de la même couleur, qui lui donne un regard perçant.
La femelle du merle noir est bien plus discrète. Son plumage est d'une teinte brun foncé, souvent plus pâle et tacheté sur la poitrine et le ventre. Sa gorge est généralement plus claire, parfois striée. Son bec est de couleur brune ou corne, sans l'éclat de celui du mâle. Les jeunes merles ressemblent beaucoup à la femelle, mais leur plumage est plus chaud, couleur rouille, et plus nettement tacheté, leur donnant un aspect écaillé.
Par l'équipe de Les-Oiseaux.com, publié le 20 Juillet 2025
Mon conseil : le Merle noir est si commun qu'on finit par ne plus vraiment l'entendre. Mon astuce est simple : réapprenez à l'écouter. Au lieu de laisser son chant se fondre dans le bruit ambiant, accordez-lui un moment d'attention exclusive.
Un matin de printemps, juste avant le lever du soleil, ouvrez votre fenêtre et fermez les yeux. Concentrez-vous sur ce chant flûté et mélancolique qui vient d'un toit ou d'un arbre élevé. Essayez de déceler les différentes strophes, riches et improvisées, qui ne sont jamais tout à fait les mêmes. Ce n'est pas juste un son, c'est une déclaration : "ce territoire est à moi, et je suis prêt à séduire". Comparer cette mélodie à ses cris d'alarme métalliques et stridents lorsque le chat du voisin approche, c'est comprendre toute la palette de communication de cet oiseau exceptionnel. C'est le meilleur moyen de transformer un oiseau de tous les jours en un spectacle quotidien.
Le chant du merle noir est l'une des sonorités les plus belles et les plus familières de nos jardins. Complexe, flûté et mélodieux, il est émis depuis un perchoir élevé (toit, arbre, antenne), principalement à l'aube et au crépuscule pendant la saison de reproduction. C'est un chant territorial destiné à attirer une partenaire et à éloigner les rivaux.
Écoutez ici le chant riche et varié du merle noir :
Outre son chant, le merle produit une variété de cris. Le plus connu est un cri d'alarme explosif et répétitif, une sorte de "tchink-tchink-tchink" ou de "tac-tac-tac" strident lorsqu'un prédateur (comme un chat) est repéré. Ce cri du merle alerte tous les autres oiseaux du voisinage.
Pour une analyse plus détaillée des vocalisations, visitez notre page dédiée au chant du merle noir.
Le merle noir est un oiseau incroyablement adaptable. Initialement un oiseau forestier, il a brillamment colonisé les milieux modifiés par l'homme. On le trouve aujourd'hui en abondance dans les parcs urbains, les jardins de banlieue, les terres agricoles, les haies et les bois. Cette capacité d'adaptation explique sa très large répartition, couvrant presque toute l'Europe, une partie de l'Asie et de l'Afrique du Nord.
La carte ci-dessous illustre la vaste répartition du Merle noir, montrant ses zones de présence à l'année, de nidification estivale et d'hivernage.
Le merle est omnivore avec une préférence saisonnière. Au printemps et en été, il se nourrit principalement d'invertébrés. On le voit souvent courir puis s'arrêter brusquement sur les pelouses, un comportement qu'il partage avec le Rouge-gorge familier, la tête penchée, pour localiser les vers de terre qu'il extrait avec habileté. Il consomme aussi insectes, araignées et chenilles. En automne et en hiver, son régime devient majoritairement frugivore, se tournant vers les baies (lierre, sorbier, if) et les fruits tombés au sol comme les pommes.
Le nid du merle est une coupe robuste construite par la femelle à base de brindilles, d'herbes et de mousse, le tout cimenté avec de la boue. Il est généralement placé à faible ou moyenne hauteur dans un buisson dense, un arbre touffu ou une plante grimpante. La femelle y pond 4 à 6 œufs bleu-verdâtre tachetés de brun-roux. L'incubation dure environ deux semaines, et les deux parents participent au nourrissage des jeunes, qui quittent le nid après 14 jours. Ils peuvent réaliser jusqu'à trois couvées par an.
Voir un merle dans son jardin a une signification souvent positive dans de nombreuses cultures. En tant qu'un des premiers oiseaux à chanter à l'aube et l'un des derniers le soir, il est perçu comme un gardien, un messager entre le monde de l'ombre et de la lumière. Son chant puissant au début du printemps est un symbole d'espoir, de renouveau et de la fin de l'hiver. Sa présence est souvent interprétée comme un signe de joie, de protection et de bonne nouvelle à venir pour le foyer.
Le merle noir est classé en "Préoccupation mineure" (LC) par l'UICN. C'est une espèce commune dont les populations sont globalement stables, à l'inverse de son cousin, la Grive musicienne, qui connaît des déclins dans certaines régions. Pour l'aider, il suffit de maintenir un jardin accueillant : éviter les pesticides, laisser des zones de feuilles mortes au sol (riches en invertébrés), planter des arbustes à baies et fournir un point d'eau.