Busard des roseaux (Circus aeruginosus)

Identification

Le Busard des roseaux est le plus grand et le plus robuste des busards européens, se distinguant notamment par l'absence de croupion blanc. Le dimorphisme sexuel est marqué.

• Plumage adulte mâle : Le corps est majoritairement brun-roux avec des stries plus claires, particulièrement sur la poitrine. La tête et les épaules sont gris-jaunâtre pâle. La queue et les rémiges secondaires et tertiaires sont gris pur, contrastant avec le brun de l'avant de l'aile et les extrémités noires des primaires. En vol, le mâle présente un aspect tricolore distinctif : brun-gris-noir. Les yeux, les pattes et la cire du bec sont jaunes.
• Plumage adulte femelle : La femelle est presque entièrement brun chocolat uniforme. La calotte, la gorge et les épaules sont d'une couleur jaunâtre ou crème plus claire, dont le contraste peut varier. Le pourtour des yeux est plus sombre, faisant ressortir l'œil clair. Elle est légèrement plus grande que le mâle.
• Juvénile : Les juvéniles ressemblent aux femelles mais sont généralement plus foncés dans l'ensemble, avec des marques sur la tête moins contrastées et moins de jaune sur les épaules. Ils peuvent être brun-noirâtre avec une gorge et une calotte noires.
• Silhouette et vol : Il possède une silhouette imposante avec des ailes longues et larges, souvent tenues en un "V" peu profond lors du vol bas caractéristique au-dessus des marais et des champs.

Dimensions et Records Scientifiques (Busard des roseaux)

Ces chiffres confirment le Busard des roseaux comme un rapace de taille supérieure aux autres busards, avec une longévité notable en milieu naturel.

Chant et Cris

Le Busard des roseaux est généralement silencieux en dehors de la période de reproduction. Cependant, pendant les parades nuptiales et lorsqu'il est inquiet ou en alarme, il émet diverses vocalisations.

Ses cris peuvent inclure :

• Pendant la parade nuptiale, le mâle émet un "kiiuu" triste et aigu en vol. La femelle peut l'accompagner d'un "iiuu". Des cris rauques comparables à ceux du goéland cendré peuvent être entendus.
• Le cri d'alarme du mâle est un "chakara-chakara" répété, tandis que celui de la femelle est un cri aigu "chiuk-chiuk". Un "cui-cui-cui..." strident peut également servir de cri d'avertissement.
• Un faible "ki-ki-ki" est émis si un intrus s'approche du nid.
• Des sifflements aigus et des cris d'interaction sont également documentés.

Habitat et Répartition du Busard des roseaux

Le Busard des roseaux est un rapace typique des zones humides, où il chasse et niche. Il préfère les grandes roselières, les marais, les bordures de lacs et d'étangs, et les cours d'eau lents. Il s'adapte aussi aux cultures (colza, céréales d'hiver) et aux prairies humides, ainsi qu'aux salines abandonnées et aux vasières.

Son aire de reproduction s'étend sur l'Europe et l'Afrique du Nord-Ouest jusqu'à l'Asie Centrale et le Moyen-Orient. La plupart des populations sont migratrices, hivernant en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud. La migration débute généralement en août et le retour s'effectue en avril. On peut le rencontrer jusqu'à 2000 mètres d'altitude en Asie et 3000 mètres sur ses aires d'hivernage en Afrique.

Carte de Répartition

Alimentation

Le Busard des roseaux est un prédateur opportuniste et carnivore. Son régime alimentaire est varié et s'adapte aux ressources disponibles dans son habitat.

Il se nourrit principalement de :

• Petits mammifères, en particulier les rongeurs (campagnols).
• Petits oiseaux et leurs poussins ou œufs, y compris des oiseaux d'eau.
• Amphibiens, comme les grenouilles.
• Reptiles, tels que les lézards et les petites couleuvres.
• Gros insectes, notamment les orthoptères (sauterelles, criquets) et les coléoptères.
• Parfois des poissons.

Il chasse en volant lentement et bas (généralement entre 3 à 5 mètres de hauteur) au-dessus des roselières, des marais et des champs, utilisant sa vue perçante pour repérer ses proies. Une fois la cible repérée, il se laisse tomber silencieusement pour la saisir avec ses serres.

Reproduction

La saison de reproduction du Busard des roseaux débute généralement en avril ou mai. C'est l'espèce de busard pour laquelle la ponte est la plus précoce. Les oiseaux atteignent leur maturité sexuelle vers l'âge de trois ans.

• Nid : Le nid est construit principalement par la femelle, directement au sol ou très bas dans une végétation dense et haute, comme les roselières, les marais ou les cultures. C'est une plateforme grossière faite de roseaux, de joncs, d'herbes et de brindilles. L'espèce peut nicher en couples isolés ou en petites colonies lâches.
• Œufs : La femelle pond généralement 3 à 8 œufs (le plus souvent 3 à 5), de couleur pâle, bleutée ou verdâtre, parfois tachetés de brun. L'incubation est principalement assurée par la femelle et dure environ 30 à 38 jours. Le mâle est responsable de l'apport de nourriture pendant cette période.
• Élevage des jeunes : Les poussins, qui naissent aveugles et nus, sont entièrement dépendants de leurs parents. Ils prennent leur envol après 35 à 40 jours (parfois jusqu'à 56 jours) et restent dépendants des adultes pendant plusieurs semaines après le premier envol. Les mâles Busards des roseaux sont souvent polygames (25-30% des nids, généralement bigames).
• Parade nuptiale : Le mâle effectue des parades aériennes spectaculaires pour attirer la femelle, incluant des montées raides et des plongeons.

Statut de Conservation

Le Busard des roseaux est classé en "Préoccupation mineure" (LC - Least Concern) par l'UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) à l'échelle mondiale. La taille de sa population mondiale est estimée entre 415 000 et 765 000 individus matures et semble en augmentation. C'est une espèce protégée dans de nombreux pays.

Cependant, cette classification masque des préoccupations locales, et l'espèce a connu des déclins importants par le passé. Les principales menaces pesant sur l'espèce sont liées aux activités humaines :

• Destruction et dégradation de l'habitat : Le drainage et l'assèchement des zones humides (roselières, marais, lacs) constituent une menace majeure, ainsi que la perte d'habitats due à la conversion en cultures ou à l'urbanisation.
• Produits toxiques : L'utilisation de pesticides et de rodonticides dans l'agriculture affecte l'espèce et ses proies.
• Dérangement : Les dérangements humains, notamment par les pêcheurs, et la prédation par les renards près des nids sont d'autres facteurs.
• Tirs illégaux et chasse : Bien que la menace de la chasse ait diminué, des tirs illégaux persistent localement.
• Énergie éolienne : Le développement de l'énergie éolienne représente une nouvelle menace pour l'espèce.

Des efforts de conservation, incluant la protection de l'habitat et des mesures légales contre la chasse, ont contribué à stabiliser ou augmenter certaines populations. La population au Royaume-Uni, par exemple, a vu un retour significatif après une quasi-extinction.

Foire Aux Questions (FAQ)

Références

1. Wikipedia - Western marsh harrier