Le Bihoreau gris, un échassier trapu et mystérieux.
Introduction
Le Bihoreau gris (Nycticorax nycticorax) est un héron de taille moyenne, trapu et robuste. Bien qu'il appartienne à la même famille que l'élégante Aigrette garzette ou le grand Héron cendré, il s'en distingue par sa silhouette ramassée et ses mœurs principalement crépusculaires et nocturnes. Ses dimensions moyennes sont :
Longueur : 58 à 65 cm
Envergure : 105 à 112 cm
Poids : 500 à 800 grammes
Son nom latin Nycticorax signifie "corbeau de nuit", en référence à son cri rauque semblable à celui d'un corvidé et à son activité nocturne. Il passe souvent ses journées caché dans le feuillage dense des arbres riverains, ce qui le rend parfois difficile à observer malgré sa large répartition.
Le Conseil de Notre Ornithologue
Par l'équipe de Les-Oiseaux.com.
Mon conseil personnel : Le meilleur moment pour observer le Bihoreau gris est au crépuscule ("l'heure bleue"), lorsqu'il quitte son dortoir pour aller pêcher.
La silhouette voûtée : Contrairement au Héron cendré qui se tient souvent le cou tendu, le Bihoreau semble "ne pas avoir de cou" au repos. Il rentre sa tête dans ses épaules, lui donnant un aspect bossu très caractéristique.
Le dortoir diurne : En journée, cherchez dans les saules et les aulnes au bord de l'eau. Si vous voyez des formes immobiles et compactes perchées à l'ombre, c'est souvent une colonie de bihoreaux au repos.
Il cohabite fréquemment sur les îlots de nidification avec la Spatule blanche ou l'Échasse blanche, profitez-en pour scanner les arbres aux alentours des colonies mixtes.
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Équipement pour l'observation crépusculaire
Le Bihoreau étant actif lorsque la lumière baisse, des jumelles lumineuses sont indispensables pour distinguer son œil rouge caractéristique.
Jumelles 8x56 Basse LumièreOptimisées pour l'observation à l'aube et au crépuscule.
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Identification
L'apparence du Bihoreau gris change radicalement entre le stade juvénile et l'âge adulte.
Adulte : Le plumage est contrasté et élégant. La calotte et le dos sont noir ardoisé avec des reflets verts métalliques. Les ailes et la queue sont gris cendré. Le dessous est blanc grisâtre. En période nuptiale, deux ou trois longues plumes blanches très fines (les aigrettes) ornent la nuque. L'œil est rouge vif.
Juvénile : Il est totalement différent, brun foncé strié et tacheté de blanc jaunâtre ou de chamois. Il ressemble beaucoup à un Butor étoilé ou à un jeune d'autres hérons, mais ses taches en forme de gouttes d'eau sur les ailes sont distinctives. Son œil est jaune ou orange.
Le bec : Noir, robuste et pointu, un peu plus court que celui des autres hérons.
Pattes : Jaunes à jaune-vert, elles peuvent virer au rose vif lors de la parade nuptiale.
Le jeune Bihoreau peut être confondu avec le Butor, mais sa posture reste plus ramassée.
Le Héron cendré est nettement plus grand (environ 90-98 cm). Son cou est très long et souvent visible, son bec est jaune et puissant. En vol, ses battements d'ailes sont plus lents et majestueux que ceux du Bihoreau.
Bien que de taille comparable, l'Aigrette garzette est entièrement blanche avec un bec noir très fin et des doigts jaunes caractéristiques. Sa silhouette est beaucoup plus élancée et gracieuse que celle, trapue, du Bihoreau.
Le Bihoreau gris est généralement silencieux hors des colonies, mais il se fait entendre en vol, surtout au crépuscule et la nuit. Son répertoire vocal est assez surprenant pour un héron.
Le Cri de vol : Un "kouââk" ou "gouâk" rauque, profond et soudain, qui rappelle étonnamment le croassement d'un corbeau. C'est souvent ce son qui trahit son passage dans l'obscurité.
À la colonie : Les échanges sont bruyants, constitués de grognements, de claquements de bec et de sons gutturaux lors des parades ou des disputes territoriales.
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Habitat et Répartition
Le Bihoreau gris est une espèce cosmopolite, présente sur tous les continents sauf l'Antarctique et l'Australie. En Europe, il est migrateur estival.
Habitat : Il affectionne les zones humides bordées d'arbres et de buissons denses (saules, peupliers, aulnes) qui lui servent de dortoir diurne et de site de nidification. On le trouve dans les marais d'eau douce, les étangs, les bords de rivière calmes, et parfois les mangroves ou les rizières. Il partage souvent son territoire avec la Poule d'eau qui fréquente la strate inférieure de la végétation.
Hivernage : Dès la fin de l'été, les populations européennes migrent vers l'Afrique subsaharienne. Quelques individus peuvent tenter de passer l'hiver dans le sud de la France ou en Espagne.
Carte de Répartition
Présent toute l'année (Résident)
Aire de reproduction (Nidification)
Aire d'hivernage (Non-reproduction)
Alimentation
Le Bihoreau gris est un chasseur opportuniste qui pêche principalement au crépuscule et la nuit, évitant ainsi la concurrence directe avec les autres ardéidés diurnes comme le Grèbe huppé ou le Héron cendré.
Poissons de petite et moyenne taille.
Amphibiens (grenouilles, tritons).
Insectes aquatiques et leurs larves.
Parfois de petits rongeurs ou même des oisillons d'autres espèces.
Il chasse à l'affût, immobile sur une branche basse au-dessus de l'eau ou les pattes dans la vase, attendant qu'une proie passe à portée de son bec poignard.
Reproduction
Le Bihoreau gris est un oiseau colonial (grégaire). Il niche en "héronnières", souvent mixtes, en compagnie d'autres espèces comme l'Aigrette garzette ou le Héron garde-bœufs.
Le nid : Une plateforme sommaire de branchettes, construite par le couple dans un arbre ou un buisson, souvent proche de l'eau.
Ponte : La femelle pond 3 à 5 œufs bleu-vert pâle entre avril et juin.
Les jeunes : Les poussins naissent couverts de duvet et sont nourris par régurgitation. Ils deviennent très bruyants en grandissant. Bien qu'ils ne volent qu'après 6 à 7 semaines, ils s'aventurent hors du nid pour grimper sur les branches voisines ("clambering") bien avant leur premier envol.
Statut de Conservation
Classé en "Préoccupation mineure" (LC) au niveau mondial, le Bihoreau gris a vu ses populations décliner localement en Europe au cours du XXe siècle à cause de la destruction des zones humides et de la persécution. Aujourd'hui protégé, ses effectifs sont stables ou en légère augmentation dans certaines régions.
La préservation des vieux arbres en bordure d'étangs et la quiétude des zones de nidification sont essentielles pour sa survie, tout comme pour la Cigogne blanche qui partage parfois les mêmes habitats.
Foire Aux Questions (FAQ)
Le Bihoreau gris est-il dangereux ?
Non, absolument pas pour l'homme. C'est un oiseau farouche qui s'enfuit à la moindre alerte. Comme tous les hérons, il peut cependant utiliser son bec pour se défendre s'il est capturé ou blessé.
Peut-on le voir en ville ?
Oui, il s'adapte bien aux parcs urbains dotés de plans d'eau avec des îlots boisés tranquilles (comme au Jardin des Plantes à Paris ou au Parc de la Tête d'Or à Lyon), où il peut être observé plus facilement qu'en pleine nature.